Je t’aime.
Je le murmure doucement, ce mot car si quelqu’un m’entend te parler, on va me prendre pour un fou.
Oui, je t’aime, ma mer.
Mais ça, tu le sais déjà. Tout bébé je venais te rejoindre avec une joie immense et avec aussi mon seau, ma pelle et mon râteau. Tu sais aussi que je ne t’ai jamais quittée. J’ai habité trois pays diamétralement opposés mais toujours à tes côtés. Je te connais bien, va. En voilier, tu es une amante traîtresse qui change d’humeur à tout moment. Je t’ai vue le matin hurlante de rage en force 10 et le soir même endormie en force 0. Pas un souffle, pas une ride sur ta surface après un tel déchaînement. Comment te faire confiance ?
Mais je t’aime. Ca ne s’explique pas. Ça se ressent.
Je t’ai connue intimement. J’ai plongé en toi en apnée et avec des bouteilles. En maillot ou en combi, en été et en hiver. Ce fut un long moment de passion.
Je t’ai connue aussi sur toute ta surface, tous tes recoins. Des piliers de Gilbraltar aux cèdres du Liban, du Pas de Corinthe aux calanques marseillaises. Va, je te connais bien. Je connais ton mauvais caractère mais aussi ta beauté, ta majesté, tes couleurs de lever et de coucher. Je te connais du sud, du nord, de l’ouest et de l’est. Je te connais du dessus et du dessous. Je connais tes iles, je connais tes rives, je connais ton grand large. Et pourtant je t’aime encore. Depuis ma naissance.
Et tu es d’une jalousie exclusive. Tu m’as éprouvé en me faisant rencontrer de merveilleuses créatures dénudées. Il est vrai que j’étais allé sur une plage nudiste… Mais aussi des superbes femmes en bikini, en monokini, dans le temps. Mais c’est fini. Ce n’est pas avec ton burkini que tu vas m’attirer maintenant !
Non. Tu sais bien que c’est toi que j’aime et que j’aimerai à jamais. Mon dernier rêve c’est de fermer les yeux sur toi, toi l’éternelle, toi la Belle.
Toi, ma mer