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Babou par Fanny Hoff

C’est la lumière et la chaleur qui réveilla Babou en plein milieu de la nuit. Il était tout petit, Babou. Il avait quoi ? un mois, un mois et demi peut-être. C’était encore un bébé ce Babou. Hier soir, il s’était allongé contre maman. Elle l’avait caressé quelques instants avec sa trompe. Il aimait les caresses de maman. Cela le rassurait. Il sentait qu’elle l’aimait. Il avait entendu dire que eux, les éléphants, ils avaient la peau dure et épaisse. Lui trouvait que quand maman le caressait, elle avait la trompe tendre. Mais où était-elle maintenant ?

Ah ! Il se rappela qu’hier soir, il n’était pas arrivé à s’endormir car des cailloux le gênaient. Il avait trouvé une place un peu plus loin. C’était donc à cause de cela qu’il n’avait pas entendu le troupeau partir. Et puis, les bébés, quand ils dorment, ils dorment bien...

Maintenant, il était seul et il avait chaud, très chaud. Il ouvrit les yeux et vit de grandes flammes danser devant lui. Il y en avait aussi à droite. Il tourna la tête et vit que les flammes arrivaient aussi par derrière. Seule sa gauche restait noire et semblait-il, fraîche. C’est normal, Babou se rappela qu’il y avait là la mare d’eau, le petit lac. Babou avait de plus en plus chaud. Il allait être entouré par les flammes. Il fallait aller se réfugier dans le lac. Oui, mais ? Le crocodile ?

Babou se leva. Il avait encore des difficultés à se lever tout seul sans les petits coups de trompe de maman qui le redressaient. Mais il finit par se mettre debout et réfléchit. Bon. De toute façon, maman n’est pas ici, je la verrais, et l’urgence maintenant c’est l’incendie. Alors, maintenant la question était : Mourir brûlé par les flammes ou mangé par un crocodile ?

Il n’en savait rien. Mais pour l’heure il avait tellement chaud que ses petits poils commençaient à friser sur la peau de son ventre. Il s’imagina brûlé par les flammes. C’était trop horrible. Ca devait faire mal, très mal. Mieux valait encore être mangé par le crocodile. Un bon coup de dents de cette mâchoire qu’il avait vue hier. Un bon coup de dents et c’était fini. La souffrance était courte.

Babou devait faire vite maintenant. Il allait brûler. Il n’avait plus le temps d’hésiter. Il alla vers la mare et rentra ses petites pattes dans l’eau. Hum. Elle était bonne. Chauffée déjà par l’incendie qui brûlait tout autour. Maman lui avait expliqué le feu, l’incendie, le danger. Mais elle ne lui avait pas dit comment se sauver des flammes. Il entra complètement son corps dans l’eau et attendit que le crocodile vienne le manger. Il attendit, attendit, mais non. Le crocodile avait dû se réfugier loin, au milieu de la mare.

Babou pensa : « Finalement, le feu me force à aller dans l’eau pour échapper aux flammes mais me protège du crocodile en chassant celui-ci. » Mais sa tête commençait à chauffer sérieusement. C’était une vraie fournaise maintenant. Les branches des arbres qui surplombaient la mare étaient la proie des flammes et des brindilles enflammées tombaient sur l’eau. Il n’y avait plus rien sur la rive que le feu qui dansait. C’était magnifique et effrayant à la fois.

Babou sentait sa tête qui commençait à griller. Il l’enfonça dans l’eau. Ouf ! Ca faisait du bien. Mais il ne tint pas longtemps. Au bout de quelques secondes, il commença à étouffer. De l’air ! De l’air ! Il ressortit la tête. Aïe ! Les flammes dansaient au dessus de lui. Il ne pouvait pas s’éloigner. Il ne savait pas nager. Il replongea la tête. il essaya de retenir sa respiration, mais il ne pouvait pas tenir longtemps. Il fit ce petit jeu pendant quelques temps : Tête dedans, tête dehors. Tête dedans, tête dehors. Un coup je brûle, un coup j’étouffe.

Et puis, il lui vint une idée. Une idée de génie. Non, pas un génie surnaturel, mais une idée de génie. C’était lui, Babou, qui était un génie ! Sa trompe... Il allait se servir de sa trompe. Maman lui disait toujours : « Ne respire pas par la bouche. Respire par la trompe. Apprend à retenir les odeurs. » Il respirerait par la trompe. Il trouva une bonne place, assis sur un rocher à la bonne hauteur pour sortir sa trompe hors de l’eau. Il respirait tout à fait bien. Et il était au frais. Mais la trompe brûlait. Il l’enfonça dans l’eau jusqu’à effleurer la surface. Là. Comme ça. C’était parfait. Si de l’eau entrait dans la trompe, il soufflait avant d’aspirer. C’était rigolo. Ca faisait un jet d’eau. Il pouvait rester comme ça pendant des heures.

Ce qu’il fit. Il avait ouvert grand les yeux pour voir le spectacle. Il voyait les flammes, le feu, l’incendie de la forêt. Au matin, quand les flammes étaient parties, il ressortit prudemment de l’eau. Il aurait bien fait un somme au sec. Mais le sol était trop chaud. Que faire ? Il était vraiment fatigué. Il se souvint des éléphants qui se rinçaient en s’aspergeant d’eau. Mais oui ! Il allait se servir de sa trompe comme d’un tuyau d’arrosage. Il arrosa copieusement un petit endroit où il pourrait se coucher. Quand le sol de son campement fut bien rafraîchi, il s’allongea et s’endormit immédiatement. Finalement, c'était rudement bien, une trompe !

Mais pendant ce temps, les éléphants s’étaient aperçus de la disparition de Babou. Au moment de se coucher, maman avait attendu que Babou arrive, car Babou dormait toujours avec elle. Mais pas de Babou. Elle était allé voir papa qui lui avait dit que non, Babou n’était pas avec lui, il la croyait avec elle. Oh ! Quel malheur ! Babou était resté dans la forêt en flammes. Si petit, il ne saurait pas survivre à un tel incendie !

Même si il n’y avait aucune chance de retrouver Babou vivant, maman voulait retourner dans la forêt. Mais il fallait attendre demain, que le feu s’éteigne. Inutile de vous dire que maman ne ferma pas l’œil de la nuit. Elle pleura, pleura la mort de son Babou chéri.

Au petit matin, c’est elle qui réveilla tout le monde. « Allez ! Réveillez-vous ! Levez-vous ! Le feu s’est éteint ! Il faut aller chercher Babou ! » La troupe se mit en marche. Maman marchait devant juste derrière papa, le chef de la troupe. Quand ils arrivèrent à la forêt, quelle désolation ! Tout était calciné. On ne voyait plus rien que des troncs noircis par les flammes. Il faudrait attendre plusieurs années avant de retrouver à manger dans cette forêt. Mais où était le corps de Babou ?

Il fallait aller au bord de la mare. C’était là que l’on avait vu Babou vivant la dernière fois. Ils arrivèrent au bord de l’eau. Et là ! là ! Quelle surprise ! Babou dormait au bord de l’eau. Il avait quelques poils brûlés sur la tête mais il était vivant ! Un miracle !

Maman réveilla Babou qui cria de joie en la voyant. Ils s’embrassèrent et pleurèrent de joie ensemble. Quel bonheur de se retrouver ! Toute la troupe était là ! Babou raconta ses aventures à maman. Elle s’émerveilla devant son courage et son habilité.

Mais il fallait partir. Tout le monde avait faim. Babou se mit en marche, la trompe bien accrochée à la queue de maman.

Ils arrivèrent bientôt dans une bananeraie. Quel bonheur ! Des régimes de bananes bien mûrs ! Un vrai régal !