Le modèle
(métaphores)
Elle se déshabilla doucement
Dans la lumière.
Déjà l’émeraude de ses yeux l’avait fasciné
Et le frais calice de sa bouche.
Il regarda les ailes d’ange de ses bras
Les pommes de nacre de ses seins
Ses hanches en clé de sol
Les colonnes de soie de ses cuisses
Elle était si jolie
Le peintre soupira
Son modèle était trop beau
Il n’y arriverait pas
Il ne pourrait pas la peindre
Une journée douce
L’été était bien terminé
Le ciel était gris, éclaboussé de brume
Personne à la plage
La mer était haute
Il laissa sa serviette dans le sac
Il n’en aurait nul besoin
Il entra doucement dans l’écume
Et nagea loin, loin, très loin
Aussi loin loin qu’il pouvait
Avec le lest à la taille
Il avait choisi ce jour
D’une tendre tiédeur
Pour s’en aller doucement
C’était un bon jour pour partir
Femme battue
(figures de répétition)
Tu entends les cris de sa colère
Et toi, toi, tu as peur de ses gifles
Tu entends la vaisselle cassée
Et toi, toi, tu as peur qu’il te frappe
Tu entends la porte claquer
Et toi, toi, tu soupires de soulagement
Tu entends les pas décroître
Et toi, toi, vas-t-en !
Femmes
(surréalisme)
Femmes
Qui avez parcouru ma vie
Vous qui m’avez troublé
Vous qui m’avez créé
Vous qui m’avez grandi
Vous qui m’avez tué
J’en ai pleuré de joie
Et d’angoisse
Femmes
Vos corps de marbre, de Sienne ou bien d’ébène
Vos yeux d’azur, de lazuli ou d’encre
Vos cheveux d’or, de feu, de terre, de nuit ou de neige
Vous avez parsemé ma vie d’éclats d’étoiles
De murmures insensés
De savoureux printemps
Vous avez rempli mes nuits de soleil
Femmes
Quand vous n’êtes pas là
Dans le grand lit de ma tristesse
Votre souvenir fait briller mes yeux
Et je m’endors tranquille
Dans vos bras