- "Alors, nous allons prendre rendez-vous pour votre opération ... Attendez voir .... Le lundi 17 mars, ça vous irait ?"
- "Heu... ben...c'est à dire ... heu ... allez, oui, va, c'est une bonne date !"
- .... ???
- "Ben, c'est mon anniversaire !"
- "Ah non, alors, on va changer ! on va pas vous opérer le jour de votre anniversaire !"
- "Boff, pourquoi pas ? ça me portera chance !"
"ERREUR N° 1 !!!
Le 18 mars :
- "Bonjour, nous avons mis en place un centre anti-douleurs"
- Ah bon ? (mais alors, c'est vraiment pas efficace ! que fait-il, bon Dieu ?)"
- "sur une échelle de 0 à 10, à combien estimez-vous votre douleur ?"
Au début, j'essayais d'argumenter : " Bon, la douleur 0, c'est OK. on n'a pas mal du tout. Mais 10, c'est quoi ? c'est juste avant de se jetter par la fenêtre ? "
- "oui, je sais, c'est pas facile à mesurer, mais c'est le nouveau protocole, alors, sur une échelle de 0 à 10 ..."
Alors, de jour en jour, suivant ma fantaisie, j'oscillais entre 6 et 8. Et pendant une semaine, j'ai appris à jouer de la pompe à morphine. je pompais régulièrement. La pompe était réglée pour se débloquer tous les 1/4 d'heure. Il est prouvé que quand on est responsable de sa dose, on en consomme moins. Mais je pompais régulièrement quand même !
Faut dire aussi que j'avais 6 tuyaux qui me sortaient du ventre, dont trois qui rinçaient la vessie avec un bon débit et qui me donnaient, suivant le sens du rinçage, l'impression de pisser à l'envers !
je vous dis pas !
Et dès le mercredi, on me demanda : - "Vous seriez d'accord d'être soigné par des infirmiers stagiaires ? bien sûr, en présence d'infirmiers diplômés"
- "oui, pourquoi pas ?"
"ERREUR N° 2 !!!
Qu'est-ce que vous voulez que je réponde ? J'ai passé 8 ans comme formateur en formation pour adultes et j'avais été responsable des placements des stagiaires en entreprise. Alors, oui, bien sûr!
Il y avait 4 infirmières stagiaires. 2 étaient très pros, les 2 autres, pourtant en fin d'étude, avaient l'air de découvrir le métier.
Et bien sûr, avec ma chance habituelle, le vendredi matin, c'est la plus empotée, la plus gourde, la plus maladroite, la plus potiche qui me refait le pansement. C'était un examen pour son diplome. Elle était accompagnée cette fois non d'une infirmière du service, mais de sa prof. Elle tremblait comme une feuille. Le trac, sans doute. Bon. et elle vérifie le cathéter d'où s'écoulait tranquillement ma perf arrosée qui ne demandait rien à personne. et là , je sais pas ce qu'elle fait, mais ça commence à rougir tout autour !
Elle avait troué la veine !
Elle ne sait pas quoi faire. La prof ne dit rien, elle guette sa réaction. C'est un examen de fin d'étude, elle ne veut pas intervenir. Mais moi, je suis quoi, là dedans ? le mannequin ? Au bout d'une minute, elle décide de changer le cathéter de bras. Elle trifouille pas mal de temps sous le regard imperturbable de la prof. Bon, ça saigne pas. elle entoure l'aiguille de son pansement. Et l'examen est terminé. Elles sortent. J'espère qu'elle a eu une bonne note. Mais vers midi, je commence à avoir vraiment mal, mais alors, vraiment MAL ! et je pompe et je pompe ! Mais j'ai MAL ! et JE POMPE DE PLUS BELLE !
"ERREUR N° 3 !!!
Le soir, l'infirmière passe. Je suis livide de mal. Je me tords de douleur !
- "sur une échelle de 0 à 10, à combien estimez-vous votre douleur ?"
- "298 !!!!!!!!!!!"
Elle s'inquiète et son regard tombe sur mon bras : il est énorme, difforme, complètement boursouflé !!!
La stagiaire m'avait fait une perfusion sous-cutanée !!!
Elle me débranche tout de suite la perfusion, remarque que la pompe est vide. (j'avais pompé tout l'après-midi comme un fou dans le vide !) et appelle un médecin anesthésiste, seul habilité à régler les pompes. Celui-ci recharge l'appareil, voit dans quel état j'erre, et va y chercher un flash (piqure de morphine instantanée), se ravise, en prend 2. J'ai le droit à 2 flash immédiats puis il me dit : "-je vous ai débloqué la pompe. Allez-y mollo quand même."
Mais j'ai tellement mal encore une petite heure que je pompe à toute berzingue, sans me douter que sournoisement, la perfusion injectée dans le bras allait diffuser sa dose de morphine toute la nuit.
"ERREUR N° 4 !!!
et c'est dans la nuit du vendredi à samedi que j'ai d'abord vu avec amusement des dessins animés au plafond. (la télé était éteinte, je vous jure !) puis j'ai glissé dans un trou noir, exactement comme on raconte dans les livres de para-machin et de pseudo-truc.
Un long tunnel, puis une grande lumière blanche, et j'arrive !
et qui je vois ?
Vous ne devinez pas ?
un "agnostique convaincu" comme moi, élevé dans la tradition juive ?
Jésus !
Étonnant, non ?