Justice et Bonté marchaient d'un pas léger.
Ils avaient bien mangé. Ils étaient assez gais.
Et, dit sieur Justice, ne pensez-vous pas, chère Dame Bonté,
Qu'il y a trop d'injustices dans ce monde éhonté ?
Mais, dit dame Bonté, cela permet aux bonnes âmes,
cela permet de pardonner, notamment aux bigames.
Mais quoi ? Aux bigames pardonner ?
Ceux-là donc qui trompent sans hésiter,
trompent leur femme avec leur amante,
et avec leur femme leur maîtresse aimante?
Alors, que proposez vous, cher Sieur Justice ?
Les tuer, les occire, sans en faire un pastis ?
Ou bien leur pardonner, comprendre leur malheur
Car ils aiment deux femmes et ce avec chaleur.
Ah ! leur pardonner, diantre ! Non, mais se venger.
Leur faire un châtiment par où ils ont fauté.
Mais je ne peux pas, dit Dame Bonté.
Je suis trop bonne et ne peux me venger.
Mais oui, diable ! Il vous trompe, Trompez le !
Et si vous cherchez avec qui, Sacrebleu !
Vous l'avez devant vous,
Il n'attend qu'un bisou.
Un bisou, mais c'est bien peu de chose...
Une chose c'est une chose, mais la chose, c'est la chose !
Allons, rentrons chez vous,
Déshabillons nous, jouons à Broute-Minou
Découvrons nos corps et laissons nous aller
à de tendres émois par nos corps caressés.
Ah ! dit Dame Bonté, vous me faites un peu peur,
N'êtes vous point un petit peu trompeur ?
Et dans ce doux discours, n'allez-vous pas chercher
Autre chose qu'un baiser ?
Aïe ! dit sieur Justice, un baiser, c'est trop peu.
C'est vous toute entière, c'est vous que je veux.
Alors, dit Dame Bonté, rentrons chez moi
et mettons nous au lit. Couchons avec émoi.
Car je vois que vous avez trop envie,
et de vous satisfaire, j'en serai ravie.
Ce qu'ils firent. Et firent bien.
Car dans leur tromperie, ils se firent du bien.
Ah ! dit Dame Bonté, je ne savais pas que me venger,
J'y prendrais un tel pied !
Oui ! dit Sieur Justice
c'était un pur délice.
Et sur ce coup, ma foi, je ne peux me résoudre
et pour d'autres coups, je voudrais en découdre.
Ce qu'ils firent. Et firent bien.
N'en déplaise aux Lesbiens.