Evangile selon Thomas
« Le messie est arrivé. Vous le rencontrez. Racontez. »
Ouh lala !
Thomas ne s’était pas attendu à un sujet aussi vache. L’enjeu était de taille. Ce diplôme lui permettrait de travailler pour la ville de Jérusalem. Fonctionnaire, c’était bien. On ne gagnait pas une fortune, mais le salaire était régulier et assuré. Avec les Romains, l’organisation était bien différente. Bon, mais là, c’était un diplôme national, donc juif. Et le sujet avait du être concocté par un de ces prêtres bien placés et haut perchés dans la hiérarchie.
Ils étaient 10 groupes de quatre. Ils avaient une heure pour discuter par quatre, mais ensuite chacun devait rendre une copie personnelle. Il se retrouvait avec trois étudiants qu’il ne connaissait pas et qui n’avaient pas l’air d’être bien doués. Il n’avait pas de chance. Il aurait préféré être dans le groupe d’à côté. Ca discutait ferme, à côté ! Il y avait des copains à lui, Marc, Luc, Matthieu et Jean. Ils avaient l’air d’avoir plein d’idées. Ils riaient comme des bossus. Ils avaient dû inventer une drôle de blague. Alors que son groupe à lui était plutôt pensif et muet.
Il réfléchit. Que savait-il de la prophétie du messie ?
C’était Isaïe qui avait dit au roi Akhaz : « C'est pourquoi le Seigneur lui-même vous donnera un signe, Voici, la jeune fille deviendra enceinte, elle enfantera un fils, Et elle lui donnera le nom d'Emmanuel. » Bon. La seule chose qu’on sache, c’est qu’il s’appelle Emmanuel. Emmanuel « Imanou El », « Dieu avec nous ».
Thomas n’était pas doué en théologie. Lui, ce qu’il aimait, c’était les langues étrangères. Et avec l’empire romain, il avait le choix avec les langues. « Imanou El », « Deus nobiscum », « Dieu avec nous », « God with us », « Gott mit uns », « Dios con nosotros », « Duw gyda ni »...
C’est sûr que c’était un bon slogan. Les nations s’en emparaient toutes. Tout le monde avait Dieu à ses côtés. Bon. Mais quand deux armées se retrouvaient face à face sur un même champ de bataille en criant « Dieu avec nous », qu’est-ce qui se passait ? Dieu était-il vraiment des deux côtés ? Thomas en doutait. Lui, il aimait bien toucher du doigt les choses pour les croire. Il devait être un petit peu matérialiste. Il ne croyait que ce qu’il voyait.
Bon. Ca va pas aller. Il ne le sentait pas, ce sujet.
En vrai, mais il n’avait pas le droit de le dire, même pas de le penser trop fort, mais des fois il se demandait même si Dieu existait. Mais ça, chut…
Bon.
Le Messie.
On s'en fout éperdument.
Quelle merde, ce sujet !
Il allait rendre copie blanche.
Il se ferait berger.
Boff.